Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

mercredi 31 mai 2017

Dimanche 28 Mai 2017 - Jour 42, étape 29


Le jeu des 1000 bornes

 
 

Départ : Mimizan (chez Pierre et Mélanie).
Arrivée : Contis-les-Bains (Camping légendaire Yelloh Village Lous Seurrots)
Nombre de pas : 27700
Distance parcourue : 20 km
Météo : c'est la fin de la canicule. Demain.
Rushid Taha : chanteur dont l'évocation rappelle l'existence passée d'un certain Faudel

Trois options sont possibles en mettant son réveil à 6h pour écrire un article un dimanche matin :
1.     Réveil à 4h30, sous la chaleur écrasante du presqu'été landais. C'est l'occasion de démarrer son programme plus tôt que prévu.
2.     Réveil à 11h30, après avoir éteint 33 fois le mode rappel de son alarme, qui s'enclenche toutes les 10 minutes.
3.     Réveil à 6h. Un café, et c'est parti.
Il est donc 11h30 quand je rejoins Alain et Olwen, tous deux réveillés depuis un moment déjà. Devant la télévision, l'histoire d'une danseuse d'opéra, amputée d'une jambe, qui prépare un balais où elle danse sur son fauteuil roulant. Tant de beauté et de grâce. Incroyable de constater encore une fois comme la nature humaine sait s'accommoder des situations  qui semblent désespérées. Alain profite de ce réveil en douceur pour enseigner les bases de la guitare, la "guitoune" comme il l'appelle, à Olwen. Mélanie, la femme de Pierre et la maman d'Olwen, revient du travail malgré que nous soyons dimanche. Elle nous invite à déjeuner. Nous passons nos derniers moments tous ensemble, avec cette belle famille qui nous reçu comme si nous étions des amis de longue date, alors que nous nous sommes juste rencontrés hier. Merci infiniment à vous.
En ce jour de fête des mères, j'appelle la mienne pour lui dire ô combien je l'aime, même si je ne suis pas avec elle pour le lui dire de vive voix. Et c'est finalement elle qui nous fête, en nous proposons de nous offrir une nuit dans un logement où nous pourrions nous reposer, et ainsi récupérer de la chaleur tournante de ces derniers jours. Nous appelons donc un camping qui se trouve à 20 km d'ici, à Contis-les-Bains, et qui nous proposent un mobile-home adapté aux personnes à mobilité réduite pour deux jours. Après une discussion d'environ 10 secondes avec Alain, nous acceptons ce repos qui est plus que bienvenu. Merci maman !
Pierre nous accompagne en vélo sur le premier tronçon de notre étape du jour, à Mimizan Plage, qui se situe à 6 km de notre point de départ. Nous passons devant un monument qui indique une distance de 1000 km à Saint-Jacques de Compostelle. Incroyable. Presque la moitié du chemin fait en 42 jours. Une belle victoire qui fait sacrément plaisir. Pierre qui habite ici depuis des années n'avait jamais remarqué ce monument. Il aura une toute autre saveur dorénavant.
Très vite, la roue de notre chariote crève. Nous ne pouvions espérer d'être si bien accompagné pour un tel incident. En effet, Pierre travaillait dans la même boutique de vélo que celle d'Arnaud qui nous a déjà dépanné la veille. Et au delà, c'est un passionné avant tout. Nous discutons justement de vélo, de son parcours. Lui aimait surtout le VTT. Mais il a fait du BMX, et de la route. Plus jeune, il était même réserviste dans une grande écurie. L'étape juste avant de devenir professionnel. Mais un jour, on lui a adressé un cynique : "Si tu ne prends rien, tu ne seras jamais bon", qui l'a définitivement dégouté du milieu professionnel. Alors il a simplement choisi sa voie, et continue d'exercer sa passion en travaillant dans des boutiques de cyclisme. Nous discutons longuement du dopage. Chimique et mécanique. Il nous évoque un cycliste qu'il affectionne particulièrement, Peter Sagan. Qui lui aussi vient du VTT. Qui monte sur des voitures avec son vélo. Qui remonte des pentes entières sur une roue juste pour le plaisir et pour celui de ses supporters. Qui prend le terre-plein pour couper dans une course où tous les autres cyclistes du peloton suivent la route autour du rond- point. Certaines fois, l'audace peut faire beaucoup.
Pierre nous quitte arrivés à Mimizan Plage. Il nous reste 14 km de route. Cette discussion sportive nous a plus que motivée, et nous embrassons alors ces km comme un bel entrainement. Ces nombreuses montées et descentes dans la forêt sont l'occasion de travailler notre cardio, notre endurance. Notre mental. Nous révisons des blocages et des attaques de Taekwondo. Tout en roulant. Tout en courant. Alain me donne toujours de bons conseils pour améliorer ma technique. Et dans l'effort nous ne voyons à peine passer ces deux heures et demie de parcours. La fin est plus difficile. Nous n'avons plus d'eau. Et il fait toujours aussi chaud. Heureusement, notre destination est à 2 km de là.
Nous arrivons dans le magnifique camping Lous Seurrots, où l'accueil qui nous est réservé est vraiment top. Lucille, qui a pris notre réservation au téléphone, a pu obtenir pour nous en accord avec sa direction une réduction de 20% sur notre séjour. J'ai tout juste le temps de piquer une tête dans la magnifique piscine avant sa fermeture. Dès que je retrouve Alain dans notre mobile-home, il est conquis. Il veut vivre ici. Pourquoi pas dans ce mobile-home même, vraiment idéal pour son fauteuil. Le décor est sublime. Les chants des kago si harmonieux.
Nous finissons la soirée autour d'un japonais/potier, après avoir fait bien attention que le menu B12 n'était pas une tasse en glaise. Qui même en inversant sauce salée et sucrée risque de s'avérer indigeste. Un petit verre au bar, et la rencontre d'Alex et Clément, avec qui nous discutons longuement, concluent cette belle journée. Avec une perspective de lendemain de vacances.