Le jeu des 1000 bornes
Départ : Mimizan (chez Pierre et Mélanie).
Arrivée : Contis-les-Bains (Camping
légendaire Yelloh Village Lous
Seurrots)
Nombre de pas : 27700
Distance parcourue : 20 km
Météo : c'est la fin de la canicule. Demain.
Rushid Taha : chanteur dont l'évocation rappelle l'existence passée
d'un certain Faudel
Trois options sont possibles en
mettant son réveil à 6h pour écrire un article un dimanche matin :
1. Réveil
à 4h30, sous la chaleur écrasante du presqu'été landais. C'est l'occasion de
démarrer son programme plus tôt que prévu.
2. Réveil
à 11h30, après avoir éteint 33 fois le mode rappel de son alarme, qui
s'enclenche toutes les 10 minutes.
3. Réveil
à 6h. Un café, et c'est parti.
Il est donc 11h30 quand je
rejoins Alain et Olwen, tous deux réveillés depuis un moment déjà. Devant la
télévision, l'histoire d'une danseuse d'opéra, amputée d'une jambe, qui prépare
un balais où elle danse sur son fauteuil roulant. Tant de beauté et de grâce.
Incroyable de constater encore une fois comme la nature humaine sait s'accommoder
des situations qui semblent désespérées.
Alain profite de ce réveil en douceur pour enseigner les bases de la guitare,
la "guitoune" comme il l'appelle, à Olwen. Mélanie, la femme de
Pierre et la maman d'Olwen, revient du travail malgré que nous soyons dimanche.
Elle nous invite à déjeuner. Nous passons nos derniers moments tous ensemble,
avec cette belle famille qui nous reçu comme si nous étions des amis de longue
date, alors que nous nous sommes juste rencontrés hier. Merci infiniment à
vous.
En ce jour de fête des mères,
j'appelle la mienne pour lui dire ô combien je l'aime, même si je ne suis pas
avec elle pour le lui dire de vive voix. Et c'est finalement elle qui nous
fête, en nous proposons de nous offrir une nuit dans un logement où nous
pourrions nous reposer, et ainsi récupérer de la chaleur tournante de ces
derniers jours. Nous appelons donc un camping qui se trouve à 20 km d'ici, à
Contis-les-Bains, et qui nous proposent un mobile-home adapté aux personnes à
mobilité réduite pour deux jours. Après une discussion d'environ 10 secondes
avec Alain, nous acceptons ce repos qui est plus que bienvenu. Merci maman !
Pierre nous accompagne en vélo sur
le premier tronçon de notre étape du jour, à Mimizan Plage, qui se situe à 6 km
de notre point de départ. Nous passons devant un monument qui indique une
distance de 1000 km à Saint-Jacques de Compostelle. Incroyable. Presque la
moitié du chemin fait en 42 jours. Une belle victoire qui fait sacrément
plaisir. Pierre qui habite ici depuis des années n'avait jamais remarqué ce
monument. Il aura une toute autre saveur dorénavant.
Très vite, la roue de notre
chariote crève. Nous ne pouvions espérer d'être si bien accompagné pour un tel
incident. En effet, Pierre travaillait dans la même boutique de vélo que celle
d'Arnaud qui nous a déjà dépanné la veille. Et au delà, c'est un passionné avant
tout. Nous discutons justement de vélo, de son parcours. Lui aimait surtout le
VTT. Mais il a fait du BMX, et de la route. Plus jeune, il était même
réserviste dans une grande écurie. L'étape juste avant de devenir professionnel.
Mais un jour, on lui a adressé un cynique : "Si tu ne prends rien, tu ne
seras jamais bon", qui l'a définitivement dégouté du milieu professionnel.
Alors il a simplement choisi sa voie, et continue d'exercer sa passion en
travaillant dans des boutiques de cyclisme. Nous discutons longuement du dopage.
Chimique et mécanique. Il nous évoque un cycliste qu'il affectionne
particulièrement, Peter Sagan. Qui lui aussi vient du VTT. Qui monte sur des
voitures avec son vélo. Qui remonte des pentes entières sur une roue juste pour
le plaisir et pour celui de ses supporters. Qui prend le terre-plein pour
couper dans une course où tous les autres cyclistes du peloton suivent la route
autour du rond- point. Certaines fois, l'audace peut faire beaucoup.
Pierre nous quitte arrivés à
Mimizan Plage. Il nous reste 14 km de route. Cette discussion sportive nous a
plus que motivée, et nous embrassons alors ces km comme un bel entrainement. Ces
nombreuses montées et descentes dans la forêt sont l'occasion de travailler
notre cardio, notre endurance. Notre mental. Nous révisons des blocages et des
attaques de Taekwondo. Tout en roulant. Tout en courant. Alain me donne
toujours de bons conseils pour améliorer ma technique. Et dans l'effort nous ne
voyons à peine passer ces deux heures et demie de parcours. La fin est plus
difficile. Nous n'avons plus d'eau. Et il fait toujours aussi chaud. Heureusement,
notre destination est à 2 km de là.
Nous arrivons dans le magnifique
camping Lous
Seurrots, où l'accueil qui nous est réservé est vraiment top.
Lucille, qui a pris notre réservation au téléphone, a pu obtenir pour nous en
accord avec sa direction une réduction de 20% sur notre séjour. J'ai tout juste
le temps de piquer une tête dans la magnifique piscine avant sa fermeture. Dès
que je retrouve Alain dans notre mobile-home, il est conquis. Il veut vivre
ici. Pourquoi pas dans ce mobile-home même, vraiment idéal pour son fauteuil. Le
décor est sublime. Les chants des kago si harmonieux.
Nous finissons la soirée autour
d'un japonais/potier, après avoir fait bien attention que le menu B12 n'était
pas une tasse en glaise. Qui même en inversant sauce salée et sucrée risque de
s'avérer indigeste. Un petit verre au bar, et la rencontre d'Alex et Clément, avec
qui nous discutons longuement, concluent cette belle journée. Avec une
perspective de lendemain de vacances.