Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

dimanche 18 juin 2017

Samedi 17 Juin 2017 - Jour 62, étape en car

Du bruit et des odeurs

 


Départ : Saint Jean Pied de Port (Kaserna, rue d'Espagne, France)

Arrivée : Pamplona (Navarra, Espagña) - Albergue Jesùs y Maria

Météo : Matinée presque fraiche, puis entre 29°C et 33°C à l'ombre, plus de 35°C au Soleil !

Rushes :  76,4 Go
 

Le bus pour Pamplune part à 11h45 de Saint Jean Pied de Port, et le petit déjeuner de l'auberge n'est servi que jusqu'à 8h. Nous nous réveillons donc bien trop tôt, pleins de crampes et de fatigue, et restons ensuite une partie de la matinée sur les marches donnant sur la rue comme dans ma représentation folklorique de l'Espagne traditionnelle. Quelques cartes postales plus tard, nous rejoignons le bus. Les paysages au dehors sont somptueux, mais nous confirment que nous avons fait le bon choix en ne tentant pas l'étape. Le cumul dénivelé + chemins caillouteux était purement inenvisageable. Et les routes de montagne en lacets sinueux sont empruntées par des locaux qui connaissent leur chemin et roulent très vite.

Alain supporte mal le car comme la chaleur, on peut donc dire qu'il passe une bonne journée. Sitôt sortis de la station de bus, nous sommes écrasés par les presque 40°C qui nous accueillent. Nous n'imaginions pas du tout que cette ville serait aussi grande. Encore un cliché infondé de notre part, nous pensions que chaque étape espagnole du chemin serait un petit village voire une auberge esseulée dans les plaines arides. Ouais, on se prend un peu pour des aventuriers, ouais.

Premier réflexe, l'office du tourisme. Fermée jusqu'à 15h bien sur, on va finir par s'y faire. Heureusement l'accueillant parle ensuite un français parfait pour nous indiquer les auberges accessibles. Je pose à tout hasard la question de savoir à quoi ressemble la prochaine étape, dans l'espoir qu'il me confirme qu'elle sera tranquille et goudronnée... Comment ça des montagnes et des cailloux ? Ah bah non, on avait dit tranquille... Bon, nous jetons un œil au guide que j'ai trouvé à Saint Jean Pied de Port et qui décrit les étapes et leur dénivelé... Il semblerait que les dix prochaines journées soient du même acabit. Je prends donc les horaires des bus pour toutes les étapes concernées, après avoir découvert le découpage des régions espagnoles et leurs conséquences sur l'absence de lignes directes. On ne mélange pas la Navarre et la Castille.

Nous traversons ensuite la vieille ville, toute de pavés et de côtes (tiens, ça change), afin de trouver une auberge. Je pars en éclaireuse afin de ne pas imposer à Alain des kilomètres d'efforts inutiles, et me trouve merveilleusement accueillie à l'Albergue Jesùs y Maria. ça ne s'invente pas. J'explique tant bien que mal notre situation, et les hôtes ont l'immense gentillesse de nous libérer les lits les plus accessibles et les plus proches de la salle de bain alors qu'ils avaient déjà été attribués ! Ils s'évertuent également à bouger les murs et à mesurer les portes pour que la charrette puisse passer. Muchas gracias por todo ! Je crois que je vais apprendre l'Espagnol plus vite que je ne le pensais, car nombreux sont nos interlocuteurs qui ne parle un mot qu'aucune autre langue. En même temps, je trouve toujours préférable d'échanger dans la langue du pays dans lequel on voyage, c'est donc normal que ce soit à moi de faire l'effort. Pour l'heure, je mélange globalement un peu d'italien, un peu de français et beaucoup d'assurance pour créer mon meilleur espagnol... Il semble que le résultat ait été assez crédible car les deux tenants de l'auberge viennent me solliciter tout l'après-midi pour traduire les demandes des arrivants, en anglais, allemand, et même en italien... J'aurais pensé qu'il se débrouilleraient mieux entre Italiens et Espagnols qu'en passant par une française qui mélange les trois, mais mon imposture linguistique doit sonner plus ibérique... Ou pas, mystère. Je me demande en tous cas comment ils font les autres jours au vu du nombre de questions qui me sont posées. Tout cela fait croire à Alain que je parle toutes les langues possibles, et je me retrouve à devoir traduire ses échanges avec des gens du monde entier. Lorsqu'il s'agit de danois ou d'asiatiques, je ne suis vraiment pas sure que chacun reparte avec la bonne information... Vous devrez attendre les vidéos pour pouvoir vous moquer de mes tentatives parfois douteuses. Il se peut par ailleurs que je rêve en Espéranto ce soir et que je ne comprenne moi-même pas tout à mes propres rêves. La magie du voyage...

Après avoir passé quelques heures dans ce calme relatif, nous retournons nous promener en ville. Entre 18 et 19h, la journée espagnole commence et les rues se remplissent. D'autant plus que cette nuit sera donné le départ du Marathon (oui, oui, cette nuit... il fait trop chaud avant, voyons, et qui n'a jamais rêvé de parcourir 40 kilomètres sur son temps de sommeil ?). Avec la foule venue assister à l'événement, il est en tous cas impossible de s'entendre à plus de vingt centimètres l'un de l'autre. On a vu plus commode. Oui, j'utilise encore le mot commode en 2017.

Nous testons plusieurs spécialités locales dans un bar à tapas qui ne doit pas exactement être réputé pour son silence non plus, mais qui m'accorde son WiFi pour poster les photos d'hier. C'est en croquant dans un beignet au fromage que je découvre la merveilleuse sensation de manger les semelles d'un randonneur. Un effet madeleine de Proust version mort subite. Ce n'est pas tant une question de texture que de goût et d'odeur. Car les grandes chambrées des auberges nous le confirment : s'il y a bien une chose que nous n'avons pas besoin de traduire, c'est le nombre de kilomètres parcourus avec la même paire de chaussettes. La transpiration n'a donc pas de frontière, et le pèlerin pas toujours de lessive de voyage sur lui. En même temps on ne vise personne, nous en arrivons nous-mêmes au stade d'être dérangés par notre propre linge... Et moi qui vous encourage à venir nous rejoindre...

Nous sommes tous deux épuisés et les marcheurs de l'auberge ne sont pas tout à fait au rythme espagnol non plus. Tout le monde se lève tôt et doit récupérer de sa journée. Il n'est pas encore minuit lorsque je termine cet article. On vous avait bien dit que ce 17 juin serait historique.


 
































































































































































 

3 commentaires:

  1. Bon courage et bonne continuation. Le chemin est encore long et difficile. Malgré vos déboires, tu arrives Alice, à me faire rire. Te lire chaque jour est un vrai bonheur. Je pense beaucoup à vous. Je vous embrasse très affectueusement.

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    1. Merci Josiane, c'est très précieux de vous savoir nous suivre ! Merci pour ces compliments et encouragements, nous vous embrassons !!

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  2. bonjour
    je suis l'épouse de claude rencontré à st jean pied de port
    sincères félicitations d'avoir tenté l'aventure.
    toda la felicidad del mundo.....
    bon courage pour la suite

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