Du bruit et des odeurs
Arrivée : Pamplona (Navarra, Espagña) -
Albergue Jesùs y Maria
Météo : Matinée
presque fraiche, puis entre 29°C et 33°C à l'ombre, plus de 35°C au Soleil !
Rushes : 76,4 Go
Le bus pour Pamplune part à 11h45
de Saint Jean Pied de Port, et le petit déjeuner de l'auberge n'est servi que
jusqu'à 8h. Nous nous réveillons donc bien trop tôt, pleins de crampes et de
fatigue, et restons ensuite une partie de la matinée sur les marches donnant
sur la rue comme dans ma représentation folklorique de l'Espagne
traditionnelle. Quelques cartes postales plus tard, nous rejoignons le bus. Les
paysages au dehors sont somptueux, mais nous confirment que nous avons fait le
bon choix en ne tentant pas l'étape. Le cumul dénivelé + chemins caillouteux était
purement inenvisageable. Et les routes de montagne en lacets sinueux sont
empruntées par des locaux qui connaissent leur chemin et roulent très vite.
Alain supporte mal le car comme
la chaleur, on peut donc dire qu'il passe une bonne journée. Sitôt sortis de la
station de bus, nous sommes écrasés par les presque 40°C qui nous accueillent.
Nous n'imaginions pas du tout que cette ville serait aussi grande. Encore un
cliché infondé de notre part, nous pensions que chaque étape espagnole du
chemin serait un petit village voire une auberge esseulée dans les plaines
arides. Ouais, on se prend un peu pour des aventuriers, ouais.
Premier réflexe, l'office du
tourisme. Fermée jusqu'à 15h bien sur, on va finir par s'y faire. Heureusement
l'accueillant parle ensuite un français parfait pour nous indiquer les auberges
accessibles. Je pose à tout hasard la question de savoir à quoi ressemble la
prochaine étape, dans l'espoir qu'il me confirme qu'elle sera tranquille et
goudronnée... Comment ça des montagnes et des cailloux ? Ah bah non, on avait
dit tranquille... Bon, nous jetons un œil au guide que j'ai trouvé à Saint Jean
Pied de Port et qui décrit les étapes et leur dénivelé... Il semblerait que les
dix prochaines journées soient du même acabit. Je prends donc les horaires des
bus pour toutes les étapes concernées, après avoir découvert le découpage des
régions espagnoles et leurs conséquences sur l'absence de lignes directes. On
ne mélange pas la Navarre et la Castille.
Nous traversons ensuite la
vieille ville, toute de pavés et de côtes (tiens, ça change), afin de trouver
une auberge. Je pars en éclaireuse afin de ne pas imposer à Alain des
kilomètres d'efforts inutiles, et me trouve merveilleusement accueillie à
l'Albergue Jesùs y Maria. ça ne s'invente pas. J'explique tant bien que mal
notre situation, et les hôtes ont l'immense gentillesse de nous libérer les
lits les plus accessibles et les plus proches de la salle de bain alors qu'ils
avaient déjà été attribués ! Ils s'évertuent également à bouger les murs et à
mesurer les portes pour que la charrette puisse passer. Muchas gracias por todo
! Je crois que je vais apprendre
l'Espagnol plus vite que je ne le pensais, car nombreux sont nos interlocuteurs
qui ne parle un mot qu'aucune autre langue. En même temps, je trouve toujours préférable
d'échanger dans la langue du pays dans lequel on voyage, c'est donc normal que
ce soit à moi de faire l'effort. Pour l'heure, je mélange globalement un peu
d'italien, un peu de français et beaucoup d'assurance pour créer mon meilleur
espagnol... Il semble que le résultat ait été assez crédible car les deux
tenants de l'auberge viennent me solliciter tout l'après-midi pour traduire les
demandes des arrivants, en anglais, allemand, et même en italien... J'aurais
pensé qu'il se débrouilleraient mieux entre Italiens et Espagnols qu'en passant
par une française qui mélange les trois, mais mon imposture linguistique doit
sonner plus ibérique... Ou pas, mystère. Je me demande en tous cas comment ils
font les autres jours au vu du nombre de questions qui me sont posées. Tout
cela fait croire à Alain que je parle toutes les langues possibles, et je me
retrouve à devoir traduire ses échanges avec des gens du monde entier.
Lorsqu'il s'agit de danois ou d'asiatiques, je ne suis vraiment pas sure que
chacun reparte avec la bonne information... Vous devrez attendre les vidéos
pour pouvoir vous moquer de mes tentatives parfois douteuses. Il se peut par
ailleurs que je rêve en Espéranto ce soir et que je ne comprenne moi-même pas
tout à mes propres rêves. La magie du voyage...
Après avoir passé quelques heures
dans ce calme relatif, nous retournons nous promener en ville. Entre 18 et 19h,
la journée espagnole commence et les rues se remplissent. D'autant plus que
cette nuit sera donné le départ du Marathon (oui, oui, cette nuit... il fait
trop chaud avant, voyons, et qui n'a jamais rêvé de parcourir 40 kilomètres sur
son temps de sommeil ?). Avec la foule venue assister à l'événement, il est en
tous cas impossible de s'entendre à plus de vingt centimètres l'un de l'autre.
On a vu plus commode. Oui, j'utilise encore le mot commode en 2017.
Nous testons plusieurs
spécialités locales dans un bar à tapas qui ne doit pas exactement être réputé
pour son silence non plus, mais qui m'accorde son WiFi pour poster les photos
d'hier. C'est en croquant dans un beignet au fromage que je découvre la
merveilleuse sensation de manger les semelles d'un randonneur. Un effet
madeleine de Proust version mort subite. Ce n'est pas tant une question de
texture que de goût et d'odeur. Car les grandes chambrées des auberges nous le
confirment : s'il y a bien une chose que nous n'avons pas besoin de traduire,
c'est le nombre de kilomètres parcourus avec la même paire de chaussettes. La
transpiration n'a donc pas de frontière, et le pèlerin pas toujours de lessive
de voyage sur lui. En même temps on ne vise personne, nous en arrivons
nous-mêmes au stade d'être dérangés par notre propre linge... Et moi qui vous
encourage à venir nous rejoindre...
Bon courage et bonne continuation. Le chemin est encore long et difficile. Malgré vos déboires, tu arrives Alice, à me faire rire. Te lire chaque jour est un vrai bonheur. Je pense beaucoup à vous. Je vous embrasse très affectueusement.
RépondreSupprimerMerci Josiane, c'est très précieux de vous savoir nous suivre ! Merci pour ces compliments et encouragements, nous vous embrassons !!
Supprimerbonjour
RépondreSupprimerje suis l'épouse de claude rencontré à st jean pied de port
sincères félicitations d'avoir tenté l'aventure.
toda la felicidad del mundo.....
bon courage pour la suite