Suivez les flèches
Départ : Leòn, (Albergue / Benedictinas)
Distance parcourue : 12,3 km
Podomètre :
15 887 pas
Cumul : 635,3
km / 756 670 pas
Météo : Devinez
pour voir ?
Rushes : 135 Go
Dédicace 1 : On a trouvé le Fresnes local !
Dédicace 2 : Richard si tu nous lis, on a bien failli faire
étape dans ta ville... #JCCforever
On aurait pu le deviner : le
réveil pique. Malgré une première impulsion de ma part autour de 5h, nous
serons finalement parmi les derniers à quitter l'auberge un peu après 8h. C'est
la jolie Maud qui nous accompagne sur les premiers pas de notre première vraie
étape espagnole, malgré ses nombreuses blessures et douleurs aux pieds. Elle
nous dit avoir pris une belle dose d'énergie et de leçon de vie ne nous
croisant. Une belle connexion que nous avons déjà hâte de retrouver !
Maud nous quitte tout juste que
c'est Father Joyfull, notre pèlerin fort pèlerin que nous retrouvons.
Qu'importe son joli nom "attribué par son Gourou", Alain continuera
de l'appeler Jacques.
Sacré Saint Jacques d'ailleurs,
qui a marqué la ville au fer jaune, avec ces flèches bien utiles à travers Leòn
puis les panneaux qui jalonnent le chemin. On nous avait prévenu mais
impossible de passer outre : en Espagne, c'est balisé. Et le parcours nous
amène à découvrir monuments sculptés de coquilles, statues diverses, et
trottoirs inadaptés. Alain trace, droit devant, les gens et les voitures n'ont
qu'à se pousser. C'est vrai que l'ensemble fauteuil + remorque est extrêmement
lourd, et il est compliqué de s'arrêter pour relancer. Aucune tolérance n'est
accordée au temps de réaction de ceux que l'on croise, et mon coeur s'arrête
plusieurs fois lorsque les automobilistes pilent à quelques centimètres de
nous, passés aux feux en dépit de la couleur du p'tit bonhomme. Je maintiens l'impulsion
du fauteuil en permanence, pour l'aider à passer les trottoirs et à appréhender
les dénivelés. Alain peste contre la terre entière, qui le lui rend bien : de
belles côtes comme nous n'en espérions plus nous attendent. C'est un effort de
chaque instant pour nous deux. Nous terminons les bras en feu, les cordes
vocales déchirées, et pour ma part les cuisses lactiques. Si après ça je suis
pas belle en maillot... Sauf que pour la prochaine fois, il faudra penser à
faire ce chemin deux mois plus tôt, histoire de pouvoir passer son été à la
plage profiter un peu des bénéfices. Tant pis pour cette année, au moins on
aura de belles photos...enfin, si j'arrive encore à tenir l'appareil, ce qui
n'est pas le cas toute la journée !
Cette sortie de la banlieue de
Leòn nous mène à La Virgen del Camino, où un petit café nous barre le trottoir.
C'est un signe, nous nous y arrêtons boire un jus d'oranges pressées. On ne
dira jamais assez à quel point c'est fantastique, un jus d'oranges pressées. Il
est 10h, l'heure de ma tortilla. Oui, ben ça va, j'ai le droit d'aimer la
tortilla. Bon. Le temps de repartir, il fait déjà 35°C. Mais c'était pas le
matin, là, normalement ? Nous avons déjà parcourus plus de 7km, le père Joyfull
s'arrête ici et nous décidons de nous arrêter à la prochaine auberge, dans 4km.
Histoire que nous n'avancions pas pour rien, je préfère réserver par téléphone
et suis assez fière d'y arriver intégralement en espagnol. ça commence à
rentrer !
Le début du chemin n'était déjà
pas hyper simple, la suite est encore pire. Ici commencent la terre et les
cailloux, et on longe la Nationale. Tout ce qu'on aime. Alain fait une énorme
chute à la transition entre l'asphalte et un bout de chemin terreux,
heureusement non loin de la vue d'un pompiste qui court nous aider à relever l'attelage
et notre ami. La suite reste extrêmement éprouvante, jamais ombragée, très
accidentée, et encore une fois plus que dénivelée. Mais quelle idée ! Nous
croisons pas mal de pèlerins sur les parties plus plates, qui nous encouragent
tous avec émotion. Personne en vue dans les moments délicats en revanche, pour
cette fois j'aurais été bien seule à pousser toute la journée. D'où la qualité
peut-être relative des photos du jour, je m'en excuse. Heureusement les GoPro
ont immortalisé une grande partie de tout ça en vidéo, ouf !
Arrivés non loin de notre auberge
tant attendue, nous faisons la connaissance de Bastien, 20 ans, qui est en
route pour un joli trajet Bordeaux-Santiago en 2 semaines ! Et le tout avec un
sourire doux, une gentillesse et une humilité décoiffantes. "On est pas
les seuls à être des malades alors !"
L'Auberge "La Casa del
Camino" est en vue, notre Eldorado. Je laisse les photos parler
d'elles-mêmes. Si vous faites le chemin, allez-y. C'est seulement 8€ la nuit,
et je crois que je pourrais passer ma vie dans ce genre d'endroit : piscine,
hamacs, bassins pour les pieds... On ne regrette pas d'être arrivés. Il n'est
que midi, nous nous voyons déjà passer l'après-midi à nous reposer dans ce lieu
idyllique. Mais quelque chose là-haut doit considérer que nous ne méritons pas
encore autant de bien-être, car l'une des tenantes du lieu m'explique sitôt mon
maillot de bain enfilé que son mari a pris en parallèle une réservation pour
tout un groupe et qu'il n'y aura pas assez de places pour nous. Je lui réponds
que nous pouvons même dormir dehors dans les hamacs si nécessaires, par terre,
dans la piscine, qu'importe, mais qu'il nous est impossible de marcher plus. La
prochaine auberge est à plus de 10km, il fait une chaleur intenable, et je vous
jure qu'après l'étape que nous venons de passer, espérer se poser dans un tel
endroit et apprendre qu'il faut finalement reprendre la route n'est pas
assimilable. Ce qui est assez étrange, c'est qu'elle m'explique qu'il aurait
fallu réserver car le cahier est plein. Elle me le montre, il y a 1 dame
inscrite avant nous, mon nom donné au téléphone avec le chiffre 2 à côté, puis
effectivement un groupe de 17. Pour une auberge de 20 places, c'est donc
parfait. Je précise que la réservation à mon nom est justement la notre, tout
ça, et l'autre personne à la réception
semble non seulement reconnaitre mon accent du téléphone mais aussi complètement
comprendre la situation. Je ne veux prêter de mauvaise intention à personne,
mais je ne comprends toujours pas quel a été le réel point qui a posé problème.
C'est vrai que le lieu n'est pas plus adapté au fauteuil que les autres
auberges, mais quelque chose d'autre semble gêner la dame. Etrange énergie. Je
lui demande à nous laisser tout de même nous reposer un instant avant de
prendre une décision car nous sommes vraiment épuisés. Je n'ai pas encore pu
immerger mon épuisement dans la piscine qu'arrive Carlos en voiture, en
m'expliquant que c'est lui qui est chargé de nous emmener à la prochaine étape
pour nous éviter de marcher... C'est bien gentil mais nous n'avions pas
tellement envie de partir. Après tout, il n'est cependant pas spécialement
agréable d'insister pour rester là où personne ne veut de soi. Carlos fait un
premier voyage avec Alain et les bagages, le temps que je pique tout de même
cette tête tant attendue, et je m'assoupi à peine dans le hamac que Carlos est déjà
de retour. Nous ne dormirons donc définitivement pas au paradis.
C'est à Villadangos que nous
serons donc accueillis, à l'auberge municipale des pèlerins, par l'adorable Luìs.
Ici, la nuit est à 5€, sans compter les draps hygiéniques obligatoires (cette
fameuse lutte contre les punaises de lit sur l'ensemble du chemin...), mais
même avec le repas nous nous en tirons pour tous juste 11€ chacun. Voilà qui sauvera notre budget ! Si l'Espagne propose
des routes moins praticables qu'en France, les avantages sont ailleurs... On se
rassure comme on peut.
L'auberge n'est pas aussi
idyllique que l'autre mais nous nous y sentons bien, l'état d'esprit est bon
enfant et l'ambiance bien plus calme qu'entourés d'un groupe de 17 personnes,
après tout. J'hésite à lancer tout de suite les copies des photos mais il n'est
même pas 15h... Après tout notre journée est déjà bien avancée et bien remplie,
nous sommes juste un peu décalés... Mais si je commence à vous habituer à deux
articles par jour, je ne pourrai pas tenir le rythme !
Alain sort jouer un peu de
guitare pendant que je m'écroule de sommeil. Un petit 5h de sieste, voilà qui
régénère ! C'est d'ailleurs plus que mes nuits en fait...
La soirée me conforte dans l'idée
que j'ai bien fait d'attendre pour boucler les sauvegardes, car tout instant
est susceptible d'être porteur de surprise. C'est avec Oz et son amie Alina que
notre journée se termine. Ils nous viennent du Kazakhstan, et lui est Chaman.
Je suis chargée de la traduction de leur échange spirituel. C'était la
rencontre dont Alain avait besoin, lui qui se sent connecté à ces énergies et
qui apprend grâce à Oz quelques clés pour mieux les gérer, et "les
remettre en harmonie". Une petite photo souvenir sous l'épée de Saint
Jacques, et au lit !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire