Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

mardi 20 juin 2017

Mardi 20 Juin 2017 - Jour 65, étape 36


Suivez les flèches

 

Départ : Leòn, (Albergue / Benedictinas)
Arrivée : Casa del Camino, Valverde de la Virgen / Albergue de Peregrinos, Villadangos
Distance parcourue : 12,3 km
Podomètre : 15 887 pas
Cumul : 635,3 km / 756 670 pas
Météo : Devinez pour voir ?
Rushes :  135 Go
Dédicace 1 : On a trouvé le Fresnes local !
Dédicace 2 : Richard si tu nous lis, on a bien failli faire étape dans ta ville... #JCCforever
 
 
 
On aurait pu le deviner : le réveil pique. Malgré une première impulsion de ma part autour de 5h, nous serons finalement parmi les derniers à quitter l'auberge un peu après 8h. C'est la jolie Maud qui nous accompagne sur les premiers pas de notre première vraie étape espagnole, malgré ses nombreuses blessures et douleurs aux pieds. Elle nous dit avoir pris une belle dose d'énergie et de leçon de vie ne nous croisant. Une belle connexion que nous avons déjà hâte de retrouver !
Maud nous quitte tout juste que c'est Father Joyfull, notre pèlerin fort pèlerin que nous retrouvons. Qu'importe son joli nom "attribué par son Gourou", Alain continuera de l'appeler Jacques.
Sacré Saint Jacques d'ailleurs, qui a marqué la ville au fer jaune, avec ces flèches bien utiles à travers Leòn puis les panneaux qui jalonnent le chemin. On nous avait prévenu mais impossible de passer outre : en Espagne, c'est balisé. Et le parcours nous amène à découvrir monuments sculptés de coquilles, statues diverses, et trottoirs inadaptés. Alain trace, droit devant, les gens et les voitures n'ont qu'à se pousser. C'est vrai que l'ensemble fauteuil + remorque est extrêmement lourd, et il est compliqué de s'arrêter pour relancer. Aucune tolérance n'est accordée au temps de réaction de ceux que l'on croise, et mon coeur s'arrête plusieurs fois lorsque les automobilistes pilent à quelques centimètres de nous, passés aux feux en dépit de la couleur du p'tit bonhomme. Je maintiens l'impulsion du fauteuil en permanence, pour l'aider à passer les trottoirs et à appréhender les dénivelés. Alain peste contre la terre entière, qui le lui rend bien : de belles côtes comme nous n'en espérions plus nous attendent. C'est un effort de chaque instant pour nous deux. Nous terminons les bras en feu, les cordes vocales déchirées, et pour ma part les cuisses lactiques. Si après ça je suis pas belle en maillot... Sauf que pour la prochaine fois, il faudra penser à faire ce chemin deux mois plus tôt, histoire de pouvoir passer son été à la plage profiter un peu des bénéfices. Tant pis pour cette année, au moins on aura de belles photos...enfin, si j'arrive encore à tenir l'appareil, ce qui n'est pas le cas toute la journée !
Cette sortie de la banlieue de Leòn nous mène à La Virgen del Camino, où un petit café nous barre le trottoir. C'est un signe, nous nous y arrêtons boire un jus d'oranges pressées. On ne dira jamais assez à quel point c'est fantastique, un jus d'oranges pressées. Il est 10h, l'heure de ma tortilla. Oui, ben ça va, j'ai le droit d'aimer la tortilla. Bon. Le temps de repartir, il fait déjà 35°C. Mais c'était pas le matin, là, normalement ? Nous avons déjà parcourus plus de 7km, le père Joyfull s'arrête ici et nous décidons de nous arrêter à la prochaine auberge, dans 4km. Histoire que nous n'avancions pas pour rien, je préfère réserver par téléphone et suis assez fière d'y arriver intégralement en espagnol. ça commence à rentrer !
Le début du chemin n'était déjà pas hyper simple, la suite est encore pire. Ici commencent la terre et les cailloux, et on longe la Nationale. Tout ce qu'on aime. Alain fait une énorme chute à la transition entre l'asphalte et un bout de chemin terreux, heureusement non loin de la vue d'un pompiste qui court nous aider à relever l'attelage et notre ami. La suite reste extrêmement éprouvante, jamais ombragée, très accidentée, et encore une fois plus que dénivelée. Mais quelle idée ! Nous croisons pas mal de pèlerins sur les parties plus plates, qui nous encouragent tous avec émotion. Personne en vue dans les moments délicats en revanche, pour cette fois j'aurais été bien seule à pousser toute la journée. D'où la qualité peut-être relative des photos du jour, je m'en excuse. Heureusement les GoPro ont immortalisé une grande partie de tout ça en vidéo, ouf !
Arrivés non loin de notre auberge tant attendue, nous faisons la connaissance de Bastien, 20 ans, qui est en route pour un joli trajet Bordeaux-Santiago en 2 semaines ! Et le tout avec un sourire doux, une gentillesse et une humilité décoiffantes. "On est pas les seuls à être des malades alors !"
L'Auberge "La Casa del Camino" est en vue, notre Eldorado. Je laisse les photos parler d'elles-mêmes. Si vous faites le chemin, allez-y. C'est seulement 8€ la nuit, et je crois que je pourrais passer ma vie dans ce genre d'endroit : piscine, hamacs, bassins pour les pieds... On ne regrette pas d'être arrivés. Il n'est que midi, nous nous voyons déjà passer l'après-midi à nous reposer dans ce lieu idyllique. Mais quelque chose là-haut doit considérer que nous ne méritons pas encore autant de bien-être, car l'une des tenantes du lieu m'explique sitôt mon maillot de bain enfilé que son mari a pris en parallèle une réservation pour tout un groupe et qu'il n'y aura pas assez de places pour nous. Je lui réponds que nous pouvons même dormir dehors dans les hamacs si nécessaires, par terre, dans la piscine, qu'importe, mais qu'il nous est impossible de marcher plus. La prochaine auberge est à plus de 10km, il fait une chaleur intenable, et je vous jure qu'après l'étape que nous venons de passer, espérer se poser dans un tel endroit et apprendre qu'il faut finalement reprendre la route n'est pas assimilable. Ce qui est assez étrange, c'est qu'elle m'explique qu'il aurait fallu réserver car le cahier est plein. Elle me le montre, il y a 1 dame inscrite avant nous, mon nom donné au téléphone avec le chiffre 2 à côté, puis effectivement un groupe de 17. Pour une auberge de 20 places, c'est donc parfait. Je précise que la réservation à mon nom est justement la notre, tout ça,  et l'autre personne à la réception semble non seulement reconnaitre mon accent du téléphone mais aussi complètement comprendre la situation. Je ne veux prêter de mauvaise intention à personne, mais je ne comprends toujours pas quel a été le réel point qui a posé problème. C'est vrai que le lieu n'est pas plus adapté au fauteuil que les autres auberges, mais quelque chose d'autre semble gêner la dame. Etrange énergie. Je lui demande à nous laisser tout de même nous reposer un instant avant de prendre une décision car nous sommes vraiment épuisés. Je n'ai pas encore pu immerger mon épuisement dans la piscine qu'arrive Carlos en voiture, en m'expliquant que c'est lui qui est chargé de nous emmener à la prochaine étape pour nous éviter de marcher... C'est bien gentil mais nous n'avions pas tellement envie de partir. Après tout, il n'est cependant pas spécialement agréable d'insister pour rester là où personne ne veut de soi. Carlos fait un premier voyage avec Alain et les bagages, le temps que je pique tout de même cette tête tant attendue, et je m'assoupi à peine dans le hamac que Carlos est déjà de retour. Nous ne dormirons donc définitivement pas au paradis.
C'est à Villadangos que nous serons donc accueillis, à l'auberge municipale des pèlerins, par l'adorable Luìs. Ici, la nuit est à 5€, sans compter les draps hygiéniques obligatoires (cette fameuse lutte contre les punaises de lit sur l'ensemble du chemin...), mais même avec le repas nous nous en tirons pour tous juste 11€ chacun. Voilà qui  sauvera notre budget ! Si l'Espagne propose des routes moins praticables qu'en France, les avantages sont ailleurs... On se rassure comme on peut.
L'auberge n'est pas aussi idyllique que l'autre mais nous nous y sentons bien, l'état d'esprit est bon enfant et l'ambiance bien plus calme qu'entourés d'un groupe de 17 personnes, après tout. J'hésite à lancer tout de suite les copies des photos mais il n'est même pas 15h... Après tout notre journée est déjà bien avancée et bien remplie, nous sommes juste un peu décalés... Mais si je commence à vous habituer à deux articles par jour, je ne pourrai pas tenir le rythme !
Alain sort jouer un peu de guitare pendant que je m'écroule de sommeil. Un petit 5h de sieste, voilà qui régénère ! C'est d'ailleurs plus que mes nuits en fait...
La soirée me conforte dans l'idée que j'ai bien fait d'attendre pour boucler les sauvegardes, car tout instant est susceptible d'être porteur de surprise. C'est avec Oz et son amie Alina que notre journée se termine. Ils nous viennent du Kazakhstan, et lui est Chaman. Je suis chargée de la traduction de leur échange spirituel. C'était la rencontre dont Alain avait besoin, lui qui se sent connecté à ces énergies et qui apprend grâce à Oz quelques clés pour mieux les gérer, et "les remettre en harmonie". Une petite photo souvenir sous l'épée de Saint Jacques, et au lit !


 








































































































































































































 

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