Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

jeudi 15 juin 2017

Mercredi 14 Juin 2017 - Jour 59, étape 34


Accents, Accentueurs, Accentuées


Départ : Labenne Océan (camping des Pins bleus)

Arrivée : Bayonne (chez Socorro Aguirre)

Distance parcourue : 18,6 km

Podomètre : 23 797 pas

Cumul : 604,70 km / 718 482 pas

Météo : Cette rubrique est-elle encore bien nécessaire ? Il fait chaud. Très chaud. Et il va faire de plus en plus chaud. Comme on dit chez nous, c'est chauuuuuud.

Rushes :  86,4 Go et un crash de disque dur. C'est triste en soi, mais c'est particulièrement dans ces moments là qu'on est contents d'avoir fait chaque jour ses sauvegardes en double, comme une grande.


 

Nous espérons partir tôt pour avancer un maximum avant les grosses chaleurs prévues dans la journée. Nous mettons de quoi nous couvrir du frais matinal, et le temps de faire nos adieux au Camping des Pins Bleus et son adorable personnel, il nous faut déjà tout enlever. 9h32, la matinée est terminée. C'est parti pour une journée de brûlures et de sueur. Sexy, le programme.

La grande partie cyclable du parcours serpente entre les pins majestueux et longe l'océan. Nous ne le voyons pas mais sa présence résonne. Pas une goutte d'eau n'atténue cependant le feu sur nos épaules. Nos épaules et nos mains. Celles d'Alain qui poussent le fauteuil et s'ampoulent en compensant les irrégularités de la route. Ces irrégularités que nous ne sentons même pas en marchant, et qui sont accentuées par l'assise sur deux roues. Le corps fait ce travail d'équilibrage naturellement lorsque l'on est debout, et même à vélo, les roues sont alignées et on ne subit pas les dévers autant qu'en fauteuil. Avec ce côté gauche d'Alain qui a décidé de ne pas revenir au niveau du droit, c'est d'autant plus d'efforts.
Nos épaules et nos mains. Les miennes qui poussent comme elles peuvent cette charrette surchargée dans les côtes trop nombreuses, qui glissent sur le déclencheur moite de l'appareil, qui étalent des litres de crème solaire aussitôt absorbée par nos peaux asséchées. Nos épaules et mes pieds. Le soleil tape, les yeux fatiguent, la peau régénérée durant ma halte parisienne se déchire dans mes chaussures. Talons d'Achilles et voûtes plantaires sont à vif. Fins comme des pétales de coquelicot, ensanglantés, et je dois l'admettre, assez douloureux. Welcome back. Mais on a pas le temps d'y penser, la sangle de l'appareil photo me lacère ce qu'il me reste d'épaules et les GoPro sont brûlantes. Priorité à la conservation du matériel. Une journée sans karma côté technique.

Nous faisons cependant encore d'agréables et nombreuses rencontres. Il est question de tant de choses que je ne saurais tout retranscrire. Nous ne connaissons même pas tous les prénoms, mais nous passons jolis moments en compagnie de gens beaux. Il est difficile de décrire cette sensation à présent familière sans jamais nous lasser, de ces échanges toujours merveilleux. Chaque personne croisée est un cadeau, chaque discussion unique, chaque sourire bouleversant. Merci à chacun pour ce miel et ces moments de partage.

Ce que nous partageons également, c'est un repas dans le village de Boucau, avec un autre pèlerin. Nous restons longtemps à l'ombre de l'accent plein de Soleil de l'hôtelière et buvons approximativement 48 litres d'eau chacun (bon ça va, c'est le sud, je m'adapte). C'est en tout cas une halte que nous ne pouvons que recommander, tant sur le plan humain que pour le rapport qualité/prix et horaires de zénith/ombre.

Après un passage où la difficulté de la montée est accentuée par des cailloux et des ornières #strikeDeLaLoose, un bout de départementale nous attend. C'était bien, la piste cyclable. Nous en retrouvons un bout à l'entrée de Bayonne, et je préviens notre hôte de ce soir, contactée ce matin sur la route, que nous ne sommes plus très loin. J'insiste pour lui expliquer que nous tenons à visiter Bayonne avant d'arriver mais rien n'y fait, elle vient nous chercher à la sortie du grand pont rouge (si ce n'est pas son vrai nom, ça devrait) sur lequel nous klaxonne un certain Ben... Toujours les mêmes ! Et les mêmes jeux de Tétris, sous l'oeil sceptique et l'accent vénézuélien de Socorro... "Mais tcha bva pas teniLr...". Mais tchi, vous allez voiLr. Les fondamentaux reviennent vite, et nous découvrons bientôt la jolie maison de la famille Aguirre.

Paul, le mari de Sorocco et l'autre Paul, un sympathique pèlerin irlandais à l'accent également fort prononcé passent également la soirée avec nous. Paul, l'irlandais, a déjà fait Saint Jacques plusieurs fois côté espagnol et explorait cette fois le parcours français. Il rentre chez lui dès demain, et nous sommes bien heureux d'avoir pu passer cette dernière soirée avec lui. Son niveau de français n'est pas très loin de celui d'Alain en anglais, et le tout saupoudré de fran-spagnol local, je passe une petite soirée traduction option grosse migraine. Le tableau est assez cocasse, j'espère que le micro de la caméra n'a pas lâché à ce moment-là... On verra ça en post-prod. #biguplescopains...

Socorro nous régale d'une plâtrée de pâtes au pesto maison comme vous n'en avez jamais mangé, puis ce sont leur fille Ione et son copain Sébastien qui arrivent. Sébastien a déjà parcouru le chemin à vélo deux fois, et nous discutons avec lui des possibilités pour la suite. La traversée des Pyrénées s'annonce compliquée voire dangereuse et Alain en a de toute façon "un peu marre des montées et descentes". C'est pas le meilleur moment pour rêver de grandes plaines, mais entre les chemins sinueux et les départementales zigzagantes de montagne où les voitures roulent vite sans s'attendre à croiser un convoi comme le notre, le choix se porte rapidement sur le train. Nous pouvons tenter un petite étape intermédiaire demain après avoir visité Bayonne puis rejoindre Saint Jean Pied de Port Vendredi. Si nous arrivons à tenir ce timing, une jolie surprise nous attend là-bas. si ça c'est pas du teasing pour vous obliger à lire la suite... !

Pour la partie espagnole, c'est encore un peu flou mais il semblerait que les premières étapes en sortie des Pyrénées soient du même acabit que les dernières ici, avec d'immenses descentes qui useront gants et couches supérieures de l'épiderme, comme ils disent dans les pubs. Nous aviserons en détail une fois à Saint Jean, étape incontournable de ce trajet où ce genre de questionnements est de l'ordre de l'habituel. Et si nous devons avancer un peu en bus ou en train afin de ne pas nous mettre en danger, je suis sure que vous nous le pardonnerez.

Nos Crédentiales se remplissent vite, et Socorro propose de nous en fournir de nouvelles pour la partie espagnole, durant laquelle ce document est obligatoire pour trouver de la place dans les gîtes. Si vous souhaitez nous rejoindre d'ailleurs, n'oubliez pas de vous en procurer une, ou tenez-moi informée que nous nous arrangions pour vous en fournir une.

En observant les tampons déjà réunis depuis le début du chemin, nous prenons conscience de la richesse du chemin déjà parcouru et de l'émotion qui nous attend à l'arrivée. Quelle hâte...


La soirée se termine au son des miaulements d'une chatte sauvage au ventre tendu de petits bouts d'amour. Elle cherche un endroit de confiance pour mettre bas, et nous lui installons un linge dans un grand bac, un peu dissimulé derrière les plantes pour qu'elle ne se sente pas exposée et que ses chatons naissent en sécurité. C'est très émouvant de voir cette boule de poil effarouchée demander assistance sans oser approcher tout à fait. On met l'accent sur la douceur, et laissons la nuit lui donner assez confiance pour qu'elle puisse à son tour donner la vie.
 
 





 























 




  






































 












 
 









 
 




























 














 

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