Qu’est-ce que ça coute de dire bonjour ?
Départ : Messanges (camping Le Moussaillon)
Arrivée : Capbreton (chez Clément)
Nombre de
pas : 31150
Distance
parcourue : 23.7 km
Météo : T’avais pas dit que tu devais être
moins chaud ?
Rushier, Laurent : Philippe Bouvard
avec du talent.
A
priori, un compte à rebours, ça rebourre. Aujourd'hui, la conjonction GPS -
signalisation en a voulu autrement. Tous contents d'avoir été acceptés par
notre futur et néanmoins jeune hôte Clément à Capbreton, nous prenons la
direction de cette jolie ville, plus lointaine que la destination initialement
prévue, Seignosse. 20 bornes annoncées sur mon téléphone. 23 par la
signalisation. 24 après un kilomètre parcouru. Y’a-t’il des coquins qui se
jouent de nous par satellites et panneaux interposés ?
Clément
nous prévient qu’il rentre du travail à 19h30. Nous quittons le camping à
10h30, et nous décidons donc de ne pas nous presser, de marcher plus que de
courir, et de cafer plus que de lyophiliser. Notre piste cyclable commence à
longer la départementale. Nous remarquons que pour autant, il semble y avoir
moins de déchets que précédemment. Fausse impression : très vite nous
retrouvons le petit plaisir de s’arrêter toutes les 30 secondes pour ramasser
des bouteilles en plastique. Et pour Alain en fauteuil, c’est autrement plus
pénible que pour moi en short.
Le
long de notre chemin, nous saluons tous les marcheurs et tous les cyclistes,
comme à notre habitude. Beaucoup nous répondent, nous devancent même. Mais ceux
qui nous ignorent nous atteignent particulièrement. Salue-t-on de manière
intéressée, juste pour être salués en retour ? C’est possible. Mais pour
autant, ces absences de connexions nous peinent. Et curieusement, et
malheureusement, un refus est beaucoup plus fort émotionnellement qu’un salut.
La théorie qui veut qu’une émotion négative en nécessite trois positives pour être
contrebalancée semble plutôt s’appliquer pour nous avec un ratio de un pour dix.
Et
puis qu’est-ce que ça coute de dire bonjour ? Tu ne parles pas notre
langue ? Un signe. Un sourire. Un « hello ». Une considération,
quelle qu’elle soit. Imite donc ce touriste anglais qui nous gratifie d’un
« bon rut » (bonne route sic), et tu nous feras notre journée !
Alors honnêtement, on a de la peine pour toi. Et on espère que malgré ce que tu
renvoies, tu puisses quand même être heureux.
Une
chose est sûre. Arrivés en ville, c’est nous qui devenons marginaux. On a maintenant
l’impression d’agresser les gens en leur disant bonjour. Pourtant, non, on
n’attend rien de vous. Alors on arrête, et on rentre dans le moule du chacun
pour soi. Triste.
Le
chemin nous fait parcourir des villes très bourgeoises, que nous n’étions pas
habitués à traverser jusqu’alors. Seignosse. Hossegor. Capbreton. Cela réveille
beaucoup de souvenir de la Réunion pour Alain, qui y a vécu un moment il y a 8
ans de cela. Dans ses mots, je constate ô combien cette île et ses habitants
l’ont marqués. Il m’en dépeint un lieu qui pourrait être mon idéal. Je garde
ces conseils précieusement en tête.
Une
halte dans un très beau salon de thé le long de l’océan nous permet d’attendre
notre hôte de la plus belle de manières. Nous le rencontrons enfin, et
découvrons un jeune homme très réservé, mais si hospitalier. Il étudie dans
l’informatique et dans l’énergie. Mais veut s’orienter vers la permaculture une
fois ses études finies pour être capable de savoir satisfaire ses besoins
vitaux. Il respire le talent, avec une modestie touchante.
Alain
nous prend tous les deux à partie, pour nous conjurer de veiller sur le monde
que nous préparons pour son fils. Il est conscient que son rôle est de faire
passer un message, mais que c’est à nous, qui travaillons dans ce système,
qu’il incombe de le faire changer. Alors il nous faut bien quelques pizzas,
bières et parties de tarot pour faire redescendre la pression. Avant de nous
imprégner du rôle qui nous est du. Qui vous est du.
Merci Gab pour les news! On en attendait avec impatience!
RépondreSupprimerbisous
Sophie