Quand la Musique est bonne
Départ : Albergue de Peregrinos, Villadangos
Arrivée : Albergue Camino Frances, Santibàñez de
Valdeiglesias
Distance parcourue : 16,6 km
Podomètre :
22 944 pas
Cumul : 651,9
km / 779 614 pas
Météo : Highway
to Hell
Rushes : 140 Go.
Fatch.
Padam, padam, padam, vous venez
marcher avec nous m'dame Piaf ? Où bien ne sont-ce que les bruits de mes pas
qui résonnent sur l'asphalte ? La journée sera musicale, fête de la Saint Jean
oblige, et francophone, pour le plus grand soulagement d'Alain "qui en a
un peu marre de rien comprendre quand même". ça fait toujours du bien de
retrouver la mélodie d'une langue qu'on aime.
Alain me dit ce matin sentir la
fatigue s'accumuler. Les muscles ne récupèrent plus aussi bien qu'au début du
trajet, les yeux non plus. Il fait chaud, chaud, cacao, les nuits sont lourdes,
l'effort réel. Je me charge donc de la charrette sur le début du trajet, afin
qu'il puisse déjà gérer le fauteuil sur le terrain caillouteux et éviter les
chutes. Le roulis de la charrette crisse, et crisse, et plante. La roue de
devant ne supporte pas l'irrégularité du chemin et se plie, l'armature frotte.
Il ne reste plus qu'à peser, bras tendus, en poussant sur la poignée pour la
faire avancer sur les roues arrières. Rien de tel pour récupérer des
courbatures d'hier que de re-chauffer le muscle de bon matin. Ou pas, mais on a
pas tellement le choix. On finit par craquer, et remonter l'attelage sur la
Nationale qui longe le chemin et nous nargue de régularité. Et puis c'est
presque fait pour, la large bande d'arrêt d'urgence étant utilisée comme piste
cyclable par de nombreux pèlerins... notamment des compatriotes qui ont déjà
fait l'aller et sont à présent sur le chemin retour ! "C'est des malades
!" commente le Sarasin depuis sa chariote.
On entend siffler l'oiseau,
coasser les grenouilles, et le chant des sirènes... Ou du moins l'écoulement de
ces ruisseaux chantants, au milieu des cultures que les agriculteurs locaux
entretiennent sous un soleil à faire rougir tous les marquis de Sade... oui,
bon, je ne promets pas la pertinence de toutes les références, je fais comme ça
vient.
Elle court, elle court, la caméra
au poing... et n'a pas commencé à parler d'elle à la troisième personne que les
côtes me rappellent vite de ne pas trop faire la maline sur ce chemin arpenté.
J'y laisse cuisses, triceps, tête, épaules, genoux et pieds, genoux et pieds. Pas
encore besoin de soins intensifs cependant, mais c'est à Hospital de Òrbigo
qu'une halte s'impose. Nous y rencontrons Philippe, qui est parisien aussi. Il marche
avec Isabelle, originaire d'Orléans et qui a entendu parler de nous lors de
notre passage dans sa ville, et Marie-Renée, partie du Puy-en-Velay mais
Canadienne. De la région d'Acadie, pour être précise. Tous les Acadiens, toutes
les Acadiennes, chantait Michel Fugain, et pour ma part c'est à un autre
registre musical que je pense. S'appeler Marie-Renée et avoir l'accent de
Céline Dion, il y a là-dedans quelque chose de trop beau pour être vrai. J'en
suis tellement contente.
On parle de luttes contre la
maladie, de la beauté du chemin, on partage une boisson et un petit en-cas. Quand
l'appétit va, prends une tortilla, quand l'appétit va, tout va. Il en faut bien
des forces, avant de passer le joli Puente Viejo. Nos trois compères entourent
Alain. Ils en auraient presque un petit air de Beatles. J'ai raté la photo
emblématique mais l'émotion était au rendez-vous. Bon chemin, amis, amies,
enfants de la Patrie.
Nous poursuivons pour notre part
jusqu'à la ville suivante, dans laquelle il semble possible de prendre le bus
(merci le guide), ce qui nous permettrait d'avancer un peu plus vite en évitant
quelques côtes. C'est à tout juste 3km, tranquille. Mais arrivés à Villares de
Òrbigo, les locaux m'informent que ce bus n'existe pas. Pas merci le guide. Ou
peut-être qu'il n'existe plus, je ne sais pas, je ne peux pas, et on reste
plantés là... Non, j'admets que malgré mes récents progrès en espagnol, je ne
cerne pas encore ce degré de subtilité, mais le résultat est sensiblement le
même : No Bus. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre Santibàñez de Valdeiglesias, à tout
juste 2km. C'est pas grand chose, 2km, mais il ne va pas falloir que toutes les
étapes jouent à ce petit jeu avec notre moral... Avec une telle chaleur et des
terrains si capricieux, 16 km à pieds, ça use, ça use, 16 km à pieds, ça n'use
pas qu'les souliers.
Nous ne trouvons donc pas le bus
à Villares, mais recroisons en revanche nos Chamans Kazakhs préférés et
rencontrons surtout Séverine, qui
poursuit sa route avec nous. Elle
aussi a dû lutter contre plusieurs maladies handicapantes, et ce chemin est
aussi un combat. "Comme moi, tu es un espoir, un déclencheur peut-être
pour d'autres qui sont dans ton cas et cherchent la force." l'encourage
Alain. "Ben oui mais comment je leur transmets un tel message ?"
"Toi, tu as juste à faire ce que tu as à faire. Pour le reste, c'est hyper
facile : Tu trouves une Alice, et elle se charge de tout. Ton message, toi tu
le portes en toi, et elle va prendre son blog et son crayon et faire porter ce
message." C'est sur que vu comme ça, c'est pas si compliqué. ça dépend
cependant un peu pour qui, si je peux me permettre de nuancer. Mais dans
l'absolu oui, il n'existe pas de meilleur modèle que celui qui fait. C'est
d'ailleurs un peu pour ça qu'on est là. Plutôt du côté de ceux qui font, font,
font, trois petits tours et puis s'en vont. Mais avant de s'en vont, d'autres
terrains terreux nous attendent, et puis il m'a dit de le pousser là-haut sur la
colline. À l'arrivée aucun bouquet d'églantines, zaïzaïzaïzaï... Heureusement
Séverine se joint à moi pour l'ultime effort. Nous terminons trempées,
endolories, et Alain aussi, mais sommes tous trois bien heureux d'avoir relevé
ce défi ensemble.
C'est toujours ensemble que nous
arrivons à l'Albergue Camino Francès, qui n'est pas exactement adaptée au
fauteuil non plus mais reste cependant bien sympathique. Il fait calme, il fait
chaud, on y sieste, on y sieste, il fait calme, il fait beau, on y dort tous en
rond. Une majorité de français encore, un italien tendinité, des espagnoles qui
insiste pour que je goûte cette Sangria lorsque je commande de l'eau. Quand
l'appétit va, prends une tortilla, quand l'appétit va, tout va. Tiens, j'ai
déjà entendu ça quelque part... Non ce n'est que ma deuxième... de la journée,
certes. Mais au moins ça tient au corps, c'est la seule excuse que je me
trouve. Et puis il y a eu la montée entre temps, on en a déjà parlé. Et la nuit
s'annonce pour ma part encore longe avec ce WiFi qui ... Dooooong.... Ah tiens,
le clocher attenant à l'auberge marque donc toutes les demies heures...
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Dong
Le clocher attenant à l'auberge
marquera donc chaque heure du nombre de coups exacts. Tant pis pour le sommeil,
on avait bien dit que la journée serait musicale jusqu'au bout... Pour une fois
que ça ne ronflait pas trop dans le dortoir... Mais le vent nous portera, et la
fatigue nous vaincra. Encore une étape pentue à venir demain, avant qu'Alain ne
se repose une semaine en attendant mon retour. Ce n'est pas vraiment l'idéal de
couper le trajet maintenant, mais je vous assure que je n'ai pas le choix. Non
Thérèse, ne jurez pas. Et pour me donner bonne conscience, je pense vraiment
que le repos ne peut pas nuire à notre héros. Parce qu'on l'a parcouru, ce
chemin, on la tiendra, la distance. Mais ça n'aura pas été toujours facile, et
il faut savoir se préserver quand nécessaire. Les étapes caillouteuses sont
réellement très éprouvantes. Padam, padam, padam, on n'aura pas foulé que du
macadam.
Je vous lis tous les jours.
RépondreSupprimerAdmirative.
Quel courage!
Merci partager ces émotions, ces merveilleux paysages, ces belles rencontres.
Prenez soin de vous.
Je vous lis tous les jours, je suis moi aussi admirative de votre force, de votre endurance malgré des routes difficiles et surtout une chaleur excessive, je tenais à vous dire combien je vous admire. Merci infiniment pour tous ces beaux moments que nous partageons grâce à vous. j'encourage toutes les personnes qui vous suivent à vous adresser un petit mot de réconfort. D'avance merci. Je vous embrasse et vous souhaite très bonne chance et très bonne route.
RépondreSupprimermais vous allez trop vite!!!!!!!!!!! on a reçu votre carte ! merci la gourgale et le vieux chancre!! bon vous gralez sous el sol de espana!! boooaaaaahhhhh!!! un vieux chapià et bon d'même! bon on va vous rejoindre à st jacques du coup, vous szerez vers où le week end prochain par exemple??
RépondreSupprimerla bise les copains, courage!
bin surment
Quelle surprise à la boite aux lettres ce matin !!!!
RépondreSupprimermerci merci et encore merci pour votre gentille carte postale.
Je pense souvent à vous et regarde votre blog avec beaucoup d'admiration.
Le trajet n'est pas toujours simple... mais chaque jour passé est une victoire de plus.
En tout cas vous êtes trop beaux et Alain bronze de plus en plus ! J'espère qu'il pense à la crème solaire.... parole d'infirmière....
Force et courage pour la suite !
Des gros bisous
Fabienne de Chaumont sur Loire
Oh merci Fabienne, nous aussi on pense très fort à toi !! Oui on essaye de penser à la crème, même si quand on part le matin avant le soleil on se laisse parfois surprendre... On a hâte de te voir, plein de gros bisous !
Supprimerça fait loin pour vous rejoindre...
RépondreSupprimerpfffffff
RépondreSupprimerMerci pour vos encouragements !!!
RépondreSupprimerOui Guillaume ça fait un peu loin, mais on a tellement hâte de vous voir !! Alain est en pause entre Hospital de Orbigo & Astorga jusqu'au 3 juillet, le temps que je fasse mon spectacle sur Paris, et ensuite on enchaine vers Saint Jacques... Et après obligé on se voit très très vite !!