Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

mercredi 19 avril 2017

Mardi 18 Avril 2017 - Jour 2, étape 2.

Gilets Jaunes


Départ : Vauhallan (Abbaye de Limon)

Arrivée : Forges les Bains (Place de l'Eglise)

Distance parcourue : 21,8 km

Podomètre : 23363 pas

Cumul : 52442 pas / 43 km

Météo : Temps frais voire froid, un peu de pluie, quelques minutes de grêle et beaucoup de Soleil tout de même.

Ampoules : Alain 2 éclatées & des crampes aux mains - Alice 4 mais plus fines. On est encore presque quittes ;)

Rushes : 112 Go
 

 
Heureusement que l'article d'hier a été écrit le soir même, car nous ne sommes pas restés deux très longtemps... même pas du tout ! Après le petit déjeuner et une lutte perdue d'avance avec la connexion internet de l'Abbaye nous sommes en train de boucler nos bagages lorsque, nous voyons entrer dans la cour... Laïd et Mamar, déjà de retour ! Super surprise, nous saluons Madeleine qui nous offre sa bénédiction, et tentons de comprendre les signaux obscurs du GPS. Difficile compromis entre le parcours piétons, souvent accidenté, et le trajet cycliste ou motorisé qui peut rapidement devenir dangereux.
 

Au bout du premier chemin, un talus oblige Laïd à porter Alain de l'autre côté avant que nous fassions passer le fauteuil et la charrette, et nous voici...sur une départementale ! Aucune alternative, nous devons rejoindre le prochain village de cette manière. Avec Mamar nous fermons la marche pour signaler aux véhicules de se déporter. Le poids du sac m'empêche de suivre la cadence de notre Alain plein d'énergie. Petite pause / mise au point dès que nous croisons une boulangerie.
On re-checke l'itinéraire #Improvisation&PartageDeConnexion, si si la campagne, puis on trouve notre configuration de croisière : le sac à dos dans la carriole, une GoPro sur la perche, fixée à l'armature, l'autre sur le casque d'Alain, et Alice qui pousse pour soulager la charge devenue pus conséquente (Alain prétend qu'il ne sent pas la différence avec ou sans mon sac mais je ne le crois qu'à moitié. Je reprendrai le sac sur le dos dans les montées et pousserai de toutes façons pour soulager).



D'autres départementales semblent inévitables, ce sera donc Gilet Jaune obligatoire pour tout le monde, et pas question de tenter d'oublier de le remettre entre chaque pause ! Gaby, ton col roulé est vengé, la police du style n'a pas réussi à me faire renoncer à forcer tout le monde à porter ce gilet jusqu'au bout !







 
 
 

 

 
 
 




On traverse tous types de routes : pistes cyclables le long d'une nationale (moins serein que le calme de l'Abbaye bizarrement, mais ça avance bien et nous sommes en sécurité), routes de campagnes, traversées de villages, chemins... le tout avec un dénivelé tout aussi chantant. Je laisse les photos (dont le positionnement est un peu anarchique, désolée !) parler d'elles-mêmes.










L'appui des garçons est plus que nécessaire, bien que cette journée nous serve à tester la configuration à deux sur plusieurs tronçons, pour voir ce qui est possible ou non. J'apprends à retenir le poids du fauteuil dans les descentes, Alain à diriger l'ensemble, à positionner son corps pour contrebalancer les aléas du terrain, et à communiquer sur les éléments qui sont hors de mon champ de vision lorsque je suis derrière, notamment sur les chemins de forêt (pierres, crevasses, etc). Ce genre de terrain sera à éviter à deux, à moins que l'on ne croise des marcheurs qui nous aident ou bien de descendre en plusieurs fois, quitte à y passer des heures. En espérant que les alternatives bitumées soient fréquentes sans nous obliger à changer les paramètres du GPS pour "autoriser les péages" sur nos itinéraires...

MAIRIES DE FRANCE, METTEZ DES PISTES CYCLABLES PARTOUT, ON ARRIVE !

 
Ce projet souhaite servir depuis le début à évaluer l'accessibilité du trajet aux fauteuils... On peut déjà affirmer que les axes d'amélioration en faveur des handicapés ne manquent pas !

 

Plusieurs pauses sont nécessaires à la suite de certaines côtes puis descentes sportives (ce pays n'est-il que vallonnements, diable ?), et nous tenons à saluer chaleureusement l'humanité et la gentillesse du café/brasserie Le Fontenoy de Bures sur Yvettes (c'est au pied du RER, gardez l'adresse), du Restaurant Saint Nicolas (qui nous a préparé des sandwichs malgré l'heure avancée de l'après-midi à laquelle nous nous sommes arrêtés), et des chauffeurs poids-lourds croisés sur la route qui ont tous pris la peine de nous encourager.
 









Epuisés au bout de notre vingtaine de kilomètres du jour, et pas des moindres, nous décidons de terminer l'étape entre 17 et 18h, dans le magnifique endroit qu'est Forges les Bains. Nous demandons un tampon à la Poste (pour la date) et à la Pharmacie (pour l'adresse). Merci aux Pharmaciennes pour leur hospitalité, nous avons pu nous asseoir et mettre le matériel en charge le temps qu'Eric vienne nous chercher.






Un très bel échange également avec l'épicier du village, merveilleuse personne toute de générosité et de partage. Nous sommes rue de l'Eglise, ce monsieur est marocain, nous avons tous les quatre des racines variées et portons des drapeaux tricolores depuis Paris... Elle est si belle, cette France. Quelle fierté que cette fraternité, ces rencontres, ces sourires...



 




Eric, ami de longue date d'Alain qui nous avait déjà beaucoup épaulé en préparation du périple, vient nous chercher avec une camionnette pour le fauteuil et la remorque. Laïd & Mamar sont ramenés sur Fresnes par Ibrahim, qui aura fait l'aller-retour plusieurs fois en quelques jours dans la modestie la plus totale ! Merci frère, t'assures.


 

Nous faisons une halte à Dourdan, où notre arrivée était très attendue au club de Karaté d'Eric. Philippe, atteint de la SEP et actuellement en rémission, tenait absolument à rencontrer Alain et nous a attendu devant la Mairie avec sa compagne Emma. Une rencontre bouleversante entre ces deux hommes qui m'émeut encore en écrivant ces lignes. Ils échangent longtemps dans le froid, de la maladie, des Arts Martiaux, des valeurs, de la vie, de l'humain.



Un grand moment d'analyses mystiques et belles dont Alain a le secret, et nous n'arrivons pas à nous défaire de la douceur d'Emma & Philippe. Un grand Kiap des trois hommes qui sort du coeur (ce cri des tripes propre aux Arts Martiaux), des embrassades, tellement d'émotions !



















Nous discutons longuement de larmes et d'émotions avec Eric & Alain, qui a toujours appris à "être fort", à serrer les poings, à répondre aux coups. Il le dit lui-même, il ne connait pas le reste. "C'est difficile pour moi ça". Et pourtant, il chante encore ce "bonheur du monde" que les enfants nous ont chanté au départ, les yeux humides. Pourquoi fais-tu ce trajet, Alain, sinon pour te connecter aux gens, leur donner ton énergie et t'émerveiller de la leur ? Tu le dis toi-même, mais tu ne veux pas encore l'entendre tout à fait. C'est en chemin, nous ne sommes partis qu'hier... Et tout est si fort déjà. De la force douce cette fois.

 

Eric nous conduit chez Christel, amie d'enfance d'Alain. Ils sont comme frère & soeur. Presque 25 ans qu'ils ne se sont pas vus, leur émotion est indescriptible. Nous passons une soirée extraordinaire avec eux et leurs supers enfants, Andy & Lino. Quatre belles personnes à la générosité débordante.

Alice lance tout de suite les recharges de batteries, le dérushage et arrive enfin à mettre en ligne l'article du jour 1 ! Tous les chargements et copies sont si long(ue)s qu'il me faut rester attentive tout le long du repas. Délicieux repas d'ailleurs, délicieuse énergie que cette soirée.
 

 

 
 








Pendant ce temps, Alain ne peut pas s'empêcher de passer la moitié de la soirée debout, tant l'énergie de ce qu'il raconte lui donne envie de se lever en permanence. Il explique quelques rudiment d'Arts Martiaux à Lino, et se remémore de nombreux et puissants souvenirs avec Eric & Christel. Ces moments sont parmi les plus beaux du voyage mais je n'aurai pas d'images. Elles sont gravées dans nos coeurs. J'apprends à connaître ces couleurs de la vie d'Alain avant de savoir les donner à la caméra. Témoin pudique, je vous remercie de ces cadeaux dont je prendrai soin.


Nous quittons la maison vers 2h du matin pour aller dormir chez Eric. Nous n'avons pas vu l'heure passer et avons décidé d'alléger les deux prochaines journées afin de récupérer. Nous retrouverons Christel sur nos tronçons partiellement véhiculés demain et vendredi. Cette femme merveilleuse est un modèle de douceur, de puissance, de grâce et d'élégance. Ses enfants portent aussi cette lumière en eux et je crois que nous en emportons un bout avec nous. Sans parler d'Eric qui nous soutient tant, nous laisse sa maison pour la nuit et le lendemain et reste si attentif à notre confort.

Nous tombons de sommeil et d'émotions. Un si grand merci. Ce mot est encore trop petit.

4 commentaires:

  1. Plein d émotions en lisant ses lignes tte ses photos courage a vous force amour des bibi pr vous

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  2. Laid et Mamar, vous avez assurés , c'est fantastique d'avoir pu épauler Alain et Alice comme vous l'avez fait. heureusement que vous étiez là. Je suis content de vous avoir rencontré, on se capte bientôt comme convenu !

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  3. Merci à vous, c'est fou comme on peut pleurer en ce moment!! Dieu que ça fait du bien toute cette énergie que vous nous transmettez et qui me semblait perdue...je vous admire sincèrement et merci encore de ces partages...bonne route vers la paix d'Alain. Christel

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  4. Merci de votre rencontre, merci de votre projet, buen canimo, bien venu sur Orléans et heureux de vous evoir vu, même si je n'aie pas eu beaucoup de temps à vous consacrer
    à bientôt je vais vous suivre
    ultreia- PAtrick de compostelle 45

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