Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

mardi 25 avril 2017

Lundi 24 Avril 2017 - Jour 8, étape 6


Dire bonjour


Départ : Suèvres (Presbytère)

Arrivée : Blois (Chez Danièle & Michel)

Distance parcourue : 14,7 km

Podomètre : 17 890 pas

Cumul : 135 822 pas / 119,4 km

Météo : Grand soleil, frais le matin et le soir

Rushes : 44,4 Go

 

Les muscles piquent un peu au réveil, mais nous sommes heureux et soudés. Nous n'avons plus grand chose à manger et passons prendre un café et des madeleines au bistrot du village. Saviez-vous d'ailleurs que les madeleines sont à l'origine moulées sur la forme des coquilles de St Jacques, et que leur nom vient de celle qui eut l'idée d'en offrir aux Pèlerins ? Maintenant oui (jingle de sortie).

C'est en tous cas un plaisir de rencontrer des gens du pays, et d'entamer la conversation avec eux. Nous parlons un peu politique en cette période de complexité électorale. Hier aussi nous avons évoqué le sujet avec les personnes croisées, et même si nous ne votons pas toujours la même chose qu'eux, chacun peut parler sans tabou et en toute bienveillance. Ce n'est pas un "sujet qui fâche", mais un appel au dialogue, une convergence sur des valeurs humaines qui se ressemblent malgré tout. Ce sont des moments précieux et une preuve d'ouverture apaisante.

Comme l'espère Alain, "Si je veux que mon enfant ne porte pas d'arme, il faut que ton enfant ne portes pas d'arme. Il ne faut pas lui créer d'ennemi." Voilà l'essentiel.

Cet échange avec les locaux nous permet également de prendre conscience d'un souci duquel on est un peu éloignés à Paris : la disparition des petits commerces. Peu d'aides et une population fuyante, des savoirs-faire perdus, un labeur pas toujours reconnu. Nous risquons d'ailleurs d'en faire les frais le midi : rien en vue, tout est fermé dans les villages à proximité. Heureusement, nous avons la chance de rencontrer Joël, qui travaille pour la société Sportingsols, et m'accompagne en camion jusqu'à la ville la plus proche pour y chercher des sandwichs sans doubler notre trajet du jour. Il a même la gentillesse de nous offrir sa casquette, qui protégera mieux Alain sous son casque en cette journée de grand Soleil.


 










 








 

En parlant de Soleil, Alain bronze vite et bien. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour lui ça veut dire beaucoup... La maladie rendait l'exposition au Soleil insupportable, et le pouvoir qu'il reprend sur son corps se manifeste également ainsi. Une victoire de plus.

 
 
Nous faisons encore pléthore de belles rencontres, toutes nourrissantes et sincères. Nous avons remarqué qu'il était si naturel, si agréable de dire bonjour aux gens croisés. C'est comme une évidence, ne pas le faire serait une douleur. "On ne fait pas ça à Paris". Et c'est bien dommage. Quand on rentre, tant pis pour les hargneux, on a trop cette nécessité de ne pas refouler le contact qui se crée avec celui que l'on croise. "Je te vois, je te considère." Même pour un petit moment. Le temps d'un regard. D'un sourire. D'un bonjour. C'est un moment d'ici et maintenant, et ici et maintenant, on préfère le vivre avec cette lumière dans les yeux de l'autre. Un sourire reçu, un regard donné, un bonjour échangé. Tous les partages sont des cadeaux que l'on se fait aussi à soi. C'est une journée de gagnée.
 
 
Alain aime cette France là. Et s'il a envie de quitter Paris bientôt, le plus dur sera de choisir où s'installer car chaque village traversé l'émerveille. Pour ma part, où que je vive, cette beauté trouvée ici est à instaurée partout. Même à Paris. Si personne ne commence, on n'y arrivera pas. Mais on peut le faire.
Alain aime cette France là. Il chantonne "Ma France à moi, elle me parle d'aventures...et quand tu la regardes dans les yeux les larmes coulent" (copyright Alaincia Kaas). Pas sur que ça rime, mais ça résonne.
Alain aime cette France là, et le drapeau tricolore ne nous quitte plus. Impossible de partir le matin tant qu'il n'est pas fixé. "J'ai pas la bonne couleur de peau" dit-il, "Mais les gens racistes, quand ils voient le drapeau bleu blanc rouge et la saint Jacques, ça doit leur faire mal au crâne."
Alain aime cette France là, et c'est d'ailleurs chez lui que l'on arrive : Nous faisons halte à Blois, la ville de sa Maman, à qui il pense beaucoup. "Si avec ce projet elle est fière de moi, j'ai tout gagné". Je ne sais pas si vous l'entendez, le petit bonhomme qui ressurgit derrière l'homme fort, mais il ne me semble pas loin. Plus généralement, il dit d'ailleurs souvent qu'il est fier s'il rend les gens qu'il aime fiers. Qu'est-ce qu'il vous aime, notre Alain. Et vos mots le porteront si loin.
 






Arrivés à Blois, ce sont deux anges qui nous accueillent. Danièle & Michel sont les âmes les plus pures et les plus généreuses que nos n'avons jamais rencontrés. Ils nous offrent un palace, positionnent des rampes pour qu'Alain passe la petite marche aisément, partagent avec nous un merveilleux repas et nous donnent de précieux conseils pour le chemin, qu'ils ont déjà parcouru deux fois. Michel m'aide à bien équilibrer mon sac pour que je le porte plutôt sur les hanches que sur le dos, il trouve de nouveaux gants plus souples pour Alain, nous émerveille de ses récits et photographies.


 Comble de générosité, Michel m'offre une superbe coquille de Castrojeriz, dont ils n'ont ramené que deux exemplaires. "C'est ta médaille, pour tout ce que tu fais". Je suis fière comme un Pape, si tant est que l'on puisse encore utiliser cette expression en 2017, et émue au plus profond de mon cœur.

 
Alain est submergé d'émotions également de ces si beaux échanges. Danièle et Michel sont admiratifs de son courage, et nous parlent de leur amie Arlette, qui fait des périples de 6000km à vélo à 70 ans passés. "Je voudrais rencontrer cette dame" déclare Alain. Elle nous rejoint dix minutes plus tard. Passer dire bonjour. Nous passons une soirée délicieuse, emplie d'admirations mutuelles et de récits de vies.
Y a-t-il un mot pour décrire tant de générosité humaine ? "C'est surpuissant" décrit Alain. "Je ne sais pas si le Paradis existe, mais chez vous, c'est un Oasis d'Amour".
"Arrêtez de dire merci, c'est juste l'esprit du chemin. On a reçu de belles choses quand on l'a fait, on est heureux de le transmettre." Et nous si touchés d'avoir eu la chance de vous rencontrer. Nous ne vous oublierons pas. Et on insiste : Merci.
 

 
 

 















 















4 commentaires:

  1. Bonjour , je vous suit depuis le début de votre périple de ma petite campagne de l est et votre courage est toujours aussi émouvant vous êtes de très belles personne tout les deux donc merci aussi à vous de nous faire partager tous ces moments je vous envoie pleins de bonnes choses .

    RépondreSupprimer
  2. Alain, tu n'as pas la "bonne couleur", tout comme moi, mais tu es un Homme avant toute chose. Et ce que tu entre prends ouvre les yeux à tant de personnes. Blancs, noirs, jaunes, violets...
    Est ce que la couleur compte sous l'effort ? La nature s'enfout, et ton combat provoque la réflexion et l'admiration. Le jugement de ta couleur ne veut rien dire, à l'heure où tu prouvés à tous que tout homme a une force et une volonté qui peuvent être plus fortes que les épreuves physiques et renvoient les discriminations dans l'oubli qu'elles méritent.
    Merci encore pour ce que vous faites.

    RépondreSupprimer
  3. Chantal (et son saluki)27 avril 2017 à 10:44

    Rencontre improbable et échanges enrichissants, en ce lundi 27 avril, sur le chemin qui longe la Loire d'un côté et le parc du château de Ménars, de l'autre.
    Je suis stupéfiée par le défi que s'est lancé Alain et admirative de son courage, de de celui d'Alice.
    L'entendre proclamer sa foi en l'Homme et son amour de la vie me met du baume au coeur et constitue le petit bonheur de cette journée !
    Merci, Alain et Alice, d'avoir partagé avec moi votre optimisme.
    Bonne route !
    Je vous souhaite plein de belles rencontres sur votre long chemin...Vous avez beaucoup à apporter à tous ceux qui vous croisent !


    RépondreSupprimer