Notre Dame de Paris - Saint Jacques de Compostelle : 1925km en fauteuil roulant

jeudi 6 juillet 2017

Jour 69 à 79 - Interlude musical


 

 

 Ten Days Off,

Ten Days Of Work

 
 








Mettre sa vie entre parenthèses pour plusieurs mois, on peut tenter, mais elle peut aussi se mettre à déborder. C'est ça d'avoir autant d'engagements, et de vouloir les tenir. Il y a ce que l'on peut compresser, différer, il y a tout ce que j'a pu suspendre pour le voyage, tout ce que je me suis empressée de terminer avant. Et puis il y a le spectacle vivant. Et quitte à faire partie d'une troupe en parallèle du pèlerinage, autant y être la metteuse en scène et ne pas pouvoir se permettre de quitter le navire. Et puis partir quand même.

C'est donc avec beaucoup de gratitude que je tiens à saluer la flexibilité de mes neuf compères de scène, qui se sont adaptés ces derniers mois à mon rythme de répétitions compressées lors de mes remontées à Paris, et qui ont fait confiance à mes directives lointaines et morcelées lorsque c'est auprès d'Alain que je devais rester. Merci de m'avoir suivie lorsque fin Janvier Alain m'a parlé du projet, et que quelque chose en moi n'a pas eu le choix d'accepter. Merci également aux rares personnes de mon entourage qui m'ont encouragée à n'abandonner aucun de ces deux défis difficilement compatibles mais si chers à mon cœur, et qui chacun n'impliquaient pas que moi. Mon engagement sur le spectacle était antérieur, et les dates du périples difficilement négociables. Ce projet était la seule contrainte que j'ai gardé lorsque j'ai travaillé à différer tout le reste, et dont j'avais tout de suite fait part à Alain. Et puis avant le départ, je ne savais pas encore dans quelle mesure ma présence était nécessaire à ce périple et s'il était réellement indispensable, ni même souhaitable que je sois là tout du long.

Merci à ce propos à Gabriel qui s'est libéré un long moment pour me permettre de remonter sans trop immobiliser le projet, et merci à Alain d'avoir fait ces deux pauses un peu plus longues que prévues.

Il était espéré que les pauses concordent avec la venue éventuelle d'Omaël et permettent en outre une récupération physique nécessaire après des étapes sportives. A Labenne personne n'a pu se charger du petit, et il était ensuite plus sage de lui épargner un trajet laborieux jusqu'en Espagne et des températures très élevées. Il restait donc le paramètre "reprendre de forces", qui nous semblait indispensable chaque fois que nous avons quitté Alain pour la semaine, à Gabriel comme à moi. Malgré sa volonté de fer et sa propension au dépassement de soi, Alain nous a semblé bien fatigué au sortir d'étapes longues et ensoleillées, et la maladie paralyse malgré tout les muscles, tant sollicités pour faire avancer le fauteuil. L'augmentation de la fréquence des chutes confirmait, à mon avis, la nécessité d'une pause.

Alain semblait chaque fois un peu frustré de s'arrêter, et c'est vrai qu'il est compliqué de relancer l'effort après un long relâchement. Et puis cela fait déjà deux mois et demis que nous sommes partis, le temps est parfois long, son fils lui manque, et nous avons bien sur hâte de terminer. Mais cette fois c'est la bonne, père du petit Dieu Patient, nous filons vers Saint Jacques sans plus d'obstacle musical. Et nous avons même du renfort !

Mon ami Guillaume, avec qui nous avons traversé l'Islande en stop et en trek l'année dernière, redescend avec moi rejoindre Alain et nous suivra probablement jusqu'à la fin du trajet. Il était prévu que Baptiste soit également du voyage, mais une sévère entorse, survenue lors du rangement du matériel du spectacle, l'oblige à limiter ses déplacements à pieds. Pour un pèlerinage, c'est tout de suite moins pratique. Et on n'était pas surs qu'Alain veuille bien partager son fauteuil. ça m'apprendra à exploiter mes proches sur tous mes projets.

Nous sommes donc tout de même deux à découvrir dès demain l'auberge de babas cools dans laquelle Alain a passé la semaine, et "qui va te plaire Alice, ça parle toutes les langues, et elle est complètement dans ton délire vegan, tout ça. C'est Woodstock le truc.". Cool alors. "Mais tu n'es pas à Astorga, là où je t'ai laissé ?" "Non, Maud m'a retrouvé, la française qu'on a rencontré à Leòn, et elle m'a dit qu'on serait mieux dans cette super auberge, à Hospital de Òrbigo !" "Tu veux dire une étape en arrière ?" "Euh... oui voilà, enfin on y a été en voiture, hein".

Va pour Hospital de Òrbigo alors. Si c'est mieux, l'essentiel est qu'Alain ait passé une bonne semaine. Et vu la difficulté de l'étape jusqu'à Astorga, nous ne la referons certainement pas à pieds dans l'autre sens. Une bonne occasion de se réconcilier avec les bus locaux. A conditions qu'ils nous emmènent déjà à bon port demain...
 




 

 

2 commentaires:

  1. Ma merveilleuse fille et ses multiples projets qu'elle va terminer et avec quel brio! Bravo! Je suis très fière de toi! Quelle leçon de vie tu nous donnes! bisous, je t'aime! Maman

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  2. Bravo Alice et bon courage pour le retour vers Alain .

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