Ten Days Off,
Ten Days Of Work
Mettre sa vie entre parenthèses
pour plusieurs mois, on peut tenter, mais elle peut aussi se mettre à déborder.
C'est ça d'avoir autant d'engagements, et de vouloir les tenir. Il y a ce que l'on
peut compresser, différer, il y a tout ce que j'a pu suspendre pour le voyage,
tout ce que je me suis empressée de terminer avant. Et puis il y a le spectacle
vivant. Et quitte à faire partie d'une troupe en parallèle du pèlerinage,
autant y être la metteuse en scène et ne pas pouvoir se permettre de quitter le
navire. Et puis partir quand même.
C'est donc avec beaucoup de
gratitude que je tiens à saluer la flexibilité de mes neuf compères de scène,
qui se sont adaptés ces derniers mois à mon rythme de répétitions compressées
lors de mes remontées à Paris, et qui ont fait confiance à mes directives
lointaines et morcelées lorsque c'est auprès d'Alain que je devais rester. Merci
de m'avoir suivie lorsque fin Janvier Alain m'a parlé du projet, et que quelque
chose en moi n'a pas eu le choix d'accepter. Merci également aux rares
personnes de mon entourage qui m'ont encouragée à n'abandonner aucun de ces
deux défis difficilement compatibles mais si chers à mon cœur, et qui chacun
n'impliquaient pas que moi. Mon engagement sur le spectacle était antérieur, et
les dates du périples difficilement négociables. Ce projet était la seule
contrainte que j'ai gardé lorsque j'ai travaillé à différer tout le reste, et
dont j'avais tout de suite fait part à Alain. Et puis avant le départ, je ne
savais pas encore dans quelle mesure ma présence était nécessaire à ce périple
et s'il était réellement indispensable, ni même souhaitable que je sois là tout
du long.
Merci à ce propos à Gabriel qui
s'est libéré un long moment pour me permettre de remonter sans trop immobiliser
le projet, et merci à Alain d'avoir fait ces deux pauses un peu plus longues
que prévues.
Il était espéré que les pauses
concordent avec la venue éventuelle d'Omaël et permettent en outre une récupération
physique nécessaire après des étapes sportives. A Labenne personne n'a pu se
charger du petit, et il était ensuite plus sage de lui épargner un trajet
laborieux jusqu'en Espagne et des températures très élevées. Il restait donc le
paramètre "reprendre de forces", qui nous semblait indispensable
chaque fois que nous avons quitté Alain pour la semaine, à Gabriel comme à moi.
Malgré sa volonté de fer et sa propension au dépassement de soi, Alain nous a
semblé bien fatigué au sortir d'étapes longues et ensoleillées, et la maladie
paralyse malgré tout les muscles, tant sollicités pour faire avancer le
fauteuil. L'augmentation de la fréquence des chutes confirmait, à mon avis, la
nécessité d'une pause.
Alain semblait chaque fois un peu
frustré de s'arrêter, et c'est vrai qu'il est compliqué de relancer l'effort
après un long relâchement. Et puis cela fait déjà deux mois et demis que nous
sommes partis, le temps est parfois long, son fils lui manque, et nous avons
bien sur hâte de terminer. Mais cette fois c'est la bonne, père du petit Dieu
Patient, nous filons vers Saint Jacques sans plus d'obstacle musical. Et nous
avons même du renfort !
Mon ami Guillaume, avec qui nous
avons traversé l'Islande en stop et en trek l'année dernière, redescend avec
moi rejoindre Alain et nous suivra probablement jusqu'à la fin du trajet. Il
était prévu que Baptiste soit également du voyage, mais une sévère entorse,
survenue lors du rangement du matériel du spectacle, l'oblige à limiter ses
déplacements à pieds. Pour un pèlerinage, c'est tout de suite moins pratique.
Et on n'était pas surs qu'Alain veuille bien partager son fauteuil. ça
m'apprendra à exploiter mes proches sur tous mes projets.
Nous sommes donc tout de même
deux à découvrir dès demain l'auberge de babas cools dans laquelle Alain a
passé la semaine, et "qui va te plaire Alice, ça parle toutes les langues,
et elle est complètement dans ton délire vegan, tout ça. C'est Woodstock le
truc.". Cool alors. "Mais tu n'es pas à Astorga, là où je t'ai laissé
?" "Non, Maud m'a retrouvé, la française qu'on a rencontré à Leòn, et
elle m'a dit qu'on serait mieux dans cette super auberge, à Hospital de Òrbigo
!" "Tu veux dire une étape en arrière ?" "Euh... oui voilà,
enfin on y a été en voiture, hein".
Va pour Hospital de Òrbigo alors.
Si c'est mieux, l'essentiel est qu'Alain ait passé une bonne semaine. Et vu la
difficulté de l'étape jusqu'à Astorga, nous ne la referons certainement pas à
pieds dans l'autre sens. Une bonne occasion de se réconcilier avec les bus
locaux. A conditions qu'ils nous emmènent déjà à bon port demain...
Ma merveilleuse fille et ses multiples projets qu'elle va terminer et avec quel brio! Bravo! Je suis très fière de toi! Quelle leçon de vie tu nous donnes! bisous, je t'aime! Maman
RépondreSupprimerBravo Alice et bon courage pour le retour vers Alain .
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