Poker Fruit
Météo : Pluie & Coucher de Soleil
Rushes : 98,6 Go
La particularité de l'Albergue
Verde à Hospital de Òrbigo, c'est que le matin n'y existe pas. Nous ouvrons les
yeux tout juste avant midi, avec la sensation d'avoir dormi une demie-éternité.
En compensation du nombre infini des demies-nuits dont j'ai l'habitude, je
crois que c'était un message de mon corps : non, là tu ne bougeras pas.
La suite de la journée s'annonce
tranquille, il faut prévoir la suite et se reposer. La première option effacera
pour ma part la seconde, mais dans une ambiance tout de même bien sympathique.
Le chargement des articles précédents et les copies des photos du voyage sont
entrecoupés de tisanes claires et d'une partie de poker où les kiwis et les
prunes remplacent les jetons, avant que nous n'ayons la lumineuse idée de créer
des billets en sopalin. Je suis sure que c'est l'info du voyage que vous
attendiez. Carré de pêches, et on laisse passer la pluie qui aura bien hydraté
les pèlerins courageux ayant repris la route aujourd'hui.
Yoga, méditation, paëlla maison. Cette
auberge est un réel puits d'amour et de bien être. De bien être vegan, mais ce
n'est pas moi qu'il faut convaincre du fait que nous n'ayons pas besoin de
produits animaux pour être en bonne santé. Côté santé, j'ai tout de même le dos
en compote de poker, et Alain me présente Amets, accueillante de l'auberge et
ostéopathe. Elle n'a pas eu le temps de me manipuler aujourd'hui et propose de
s'occuper de moi demain matin. Je ne veux pas retarder la reprise du voyage,
mais en discutant avec nos amis pèlerins, il semble plus sage de prendre le
temps de se remettre d'aplomb plutôt que de se blesser gravement dans quelques
jours. La suite s'annonce corsée. J'accepte alors timidement de prendre cette
journée supplémentaire, décision qui sera finalement accueillie par des cris de
joie de la part de Maud, Guillaume et des accueillants. Comme le dit Alain : on
reste donc une journée de plus en enfer ! Je crois que je peux laisser ma
culpabilité de côté.
Celui qui ne nous laissera pas de
côté, c'est Kevin, un accueillant irlandais, qui nous propose son aide pour la
suite. Il a déjà fait plusieurs fois le chemin et semble ravi de "nous
aider à faire le notre." Nous étudions avec lui les possibilités pour les
étapes à venir : "ça nous paraît très pentu ce tronçon, non ? Non c'est
moins dur que celui-là... Et il y une
route ? Ah non, là c'est des cailloux, mais ici il y a une route. C'est une
route en lacets dans les montagnes, ce n'est pas trop dangereux avec les
voitures ? Si on part avant 6h il n'y a pas grand monde, après ça circule un
peu vite, oui. Ici c'est plus large, mais après il n'y a que deux bus par
semaine, donc si on voit que c'est trop dur, on s'arrêtera 4km plus tôt. Comme
ça on teste cette nouvelle équipe avec Guillaume et moi, toi tu peux filmer la
plupart du temps. On peut même faire des roulements."
Je refais mon tableau
prévisionnel une bonne quinzaine de fois. "Ah mais si là c'est trop dur on
peut directement sauter ces deux étapes là le soir-même, comme ça on gagne deux
jours. Et si on voit que c'est possible, on le fait en trois fois." En
gros on sait pas. C'est un peu comme au Poker, on a misé, on attendra le tour
suivant pour savoir où on se situe. On avait imaginé pouvoir arriver à Santiago
le 11, pour l'anniversaire d'Omaël. On aimait bien le symbole. Et puis le temps
de rejoindre Finisterra et de se baigner dans la mer du bout de l'Europe, on
serait revenus en France vers le 14, autre symbole, national cette fois, en
conclusion de ce voyage où Alain aura défendu si chèrement nos valeurs cocorico.
Et puis finalement, j'ai bien fait de ne pas garder le titre d'hier pour aujourd'hui
parce que j'aurais eu envie d'en déduire des approximations aussi variées qu'imprécises
: Si mes calculs sont exacts, on arrivera au plus tôt en fait le 12, parce que
demain j'ai kiné, et sinon le 14 si on divise la partie A, ou le 15 si après on
condense la partie B, ou alors plutôt entre le 16 et le 21 si on fait la moitié
de chaque et l'étape C en deux jours. Bon, clairement, on ne sait pas. On
refait une partie de poker fruits ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire